Soutien en santé mentale
Les personnes avec lesquelles nous nous sommes entretenu·es ont décrit une multitude de façons dont la vie avec la COVID longue a eu un impact sur leur santé mentale. Certaines d’entre elles avaient déjà souffert d’anxiété, de dépression ou d’autres problèmes de santé mentale avant la COVID. Plusieurs d’entre elles ont déclaré que leur expérience avec la COVID longue avait aggravé ces problèmes. Un certain nombre de participant·es ont fait appel à des professionnel·les en santé mentale pour les aider à faire face à des symptômes spécifiques ou plus généralement à une maladie chronique. Certain·es ont également reçu des prescriptions de médicaments contre la dépression et l’anxiété. La plupart des participant·es qui ont bénéficié d’un soutien en matière de santé mentale l’ont trouvé utile.
Accès au soutien en matière de santé mentale
L’accès au soutien en matière de santé mentale pour la COVID longue pouvait s’avérer difficile en raison de la disponibilité limitée, du coût et de la nécessité de faire appel à des professionnel·les spécialisé·es dans le traitement des maladies chroniques. White Feather a consulté un·e conseiller·ère qui lui a dit : « … franchement, je ne suis pas qualifié·e pour traiter les traumatismes de maladie ». Cathy a eu accès à un certain soutien en matière de santé mentale grâce à l’indemnisation des accidents du travail. Mais comme elle l’a expliqué, « j’aurais pu bénéficier d’un soutien psychologique et émotionnel beaucoup plus important… Il doit y avoir des conseiller·ères, des psychologues formé·es à la COVID longue, qui puissent aider les gens ». Kari a fait une remarque similaire. Elle a déclaré : « L’aspect santé mentale de la COVID longue est considérable… C’est là qu’il faut plus d’aide… Les gens ne peuvent pas se permettre 250 dollars l’heure pour un·e psychologue ». Paulina s’est décrite comme souffrant d’anxiété et de dépression parce que sa vie « a été bouleversée ». Elle explique : « Je suis toujours sur la liste d’attente pour voir un·e conseiller·ère qui m’aidera à faire le deuil et à gérer ma nouvelle vie ».
Avantages du soutien en santé mentale
Kristen a commencé à travailler avec un·e thérapeute qui, dit-elle, « a changé ma vie de façon spectaculaire. J’aime mon/ma thérapeute et nous avons déployé beaucoup d’efforts afin de traverser une année si difficile… Quand on doit faire face à autant de choses, parfois on ne s’en rend même pas compte parce qu’on essaie juste de survivre ». William a adopté une approche similaire. Il explique : « Je suis en ce moment avec un·e thérapeute. J’ai vu un·e psychologue et un·e psychiatre… et je pense que c’est très utile pour moi, en particulier parce que j’étais tellement indépendant que je n’avais pas vraiment un vaste réseau de personnes à qui je pouvais m’adresser ». Victor a constaté que son anxiété augmentait considérablement en vivant avec la COVID longue. Cependant, le fait d’emménager avec des ami·es et de prendre des médicaments l’a beaucoup aidé. Il nous a dit : « Quand j’étais seul dans mon appartement et que je ne prenais pas de médicament contre l’anxiété… j’étais une véritable épave… C’était un sentiment de désespoir que je n’avais jamais connu auparavant… Depuis mon arrivée ici, j’ai commencé à prendre des médicaments… c’est comme le jour et la nuit. »
Dégradation de la situation même avec du soutien
Malheureusement, même avec du soutien professionnel et/ou des médicaments, certaines des personnes avec lesquelles nous nous sommes entretenu·es subissaient de graves effets sur leur santé mentale en raison de la tension liée à la vie avec la COVID longue. Jennifer1 nous a dit : « Lorsque j’ai commencé mon parcours avec mon/ma psychologue, tout allait bien. Un an plus tard, je souffre d’anxiété et de dépression sévères, et je suis sous antidépresseur. Je n’ai pas honte de prendre un antidépresseur, mais je n’ai jamais pensé que j’arriverais à un point où j’en aurais besoin ». Cher a connu une aggravation sévère d’une dépression existante. Elle explique : « J’avais déjà lutté contre la dépression dans ma vie, mais j’avais toujours réussi à la dissimuler. Je n’arrivais plus à le cacher… alors nous avons fini par consulter un·e psychiatre et par changer une grande partie de mes médicaments… J’étais plutôt suicidaire chaque jour, simplement parce que je me demandais “qu’est-ce que je suis censée faire avec cette douleur? Comment est-ce que je suis censée vivre?” Mon/ma psychologue m’a beaucoup aidée à me dire que c’était ainsi et que je n’avais pas besoin de me complaire dans la tristesse. Je peux l’accepter et la supporter, mais je dois ensuite aller de l’avant. »
Tanya doute qu’un soutien en matière de santé mentale puisse être utile, à moins que le prestataire n’ait fait l’expérience de la COVID longue.
Transcription
J’ai l’impression que c’est quelque chose que même un·e professionnel·le ne pourrait pas vraiment comprendre, à moins de l’avoir vécu. Et, vous savez, le fait d’y aller et de parler et d’exprimer mes sentiments ne m’aide certainement pas à me sentir mieux, parce que cela ne résout pas le problème. […]
Jennifer1 trouve que travailler avec un·e psychologue lui permet de se changer les idées.
Transcription
C’est là que je suis très heureuse d’avoir accès à un·e psychologue. Parce que ça me change les idées. C’est à ce moment-là que l’on commence à se dire qu’iels ont peut-être raison. Peut-être que c’est dans ma tête et que ce n’est pas aussi grave que ça en a […]
Ruth constate que le fait de travailler avec un·e psychologue qui comprend la maladie chronique l’aide à accepter sa vie telle qu’elle est aujourd’hui.
Transcription
J’ai dû parler à mon/ma psychologue pour qu’iel m’aide à accepter ma situation actuelle. Parce que je me disais : « Quand est-ce que je vais retourner au travail? Quand vais-je redevenir moi-même? Quand vais-je pouvoir nager à nouveau? Quand est-ce que je vais pouvoir…? » En fait, cela m’énervait encore plus. Je […]
Valérie a bénéficié d’un soutien limité en matière de santé mentale, car elle a dû payer de sa poche.
Transcription
Bien là au niveau de la psychologue, il a fallu qu’on y aille… qu’on paie de notre poche parce que le système public ne prend pas en charge les gens comme moi qui sont très malades, qui doivent vivre avec beaucoup d’adaptation, mais qui ne sont pas en dépression. Moi […]