Impacts sur les enfants et le rôle de parent

Certain·es de nos participant·es avaient des enfants. Plusieurs ont expliqué qu’en raison de la COVID longue, c’était devenu plus difficile d’éduquer leurs enfants comme par le passé. Iels s’inquiétaient également que leurs symptômes effraient leurs enfants, et de l’impact sur ces derniers de les voir si malades pendant si longtemps. Certain·es participant·es ont également estimé que la COVID longue créait des charges et des responsabilités que les enfants ne devraient pas avoir à assumer. De manière plus optimiste, certaines des personnes avec lesquelles nous nous sommes entretenu·es ont trouvé une lueur d’espoir qui leur a permis d’éduquer leurs enfants différemment et de manière inattendue.

Certaines personnes avec lesquelles nous avons parlé ont exprimé des regrets pour de petites choses qui ont eu un impact sur leurs enfants. Par exemple, Manali nous a dit : « Je n’ai pas pu préparer les repas et passer autant de temps avec eux que je l’aurais fait autrement. » Carrie1 a expliqué : « Avant, j’étais la mère qui n’aimait pas le temps d’écran… et maintenant… mon enfant regarde probablement un peu trop d’écran. Mais c’est le seul moyen pour moi d’avoir cinq minutes pour m’allonger et me reposer. » Cathy souffre de malaise post-effort. Lorsqu’elle parle à son fils au téléphone, elle doit souvent « couper la communication » lorsqu’elle commence à se sentir fatiguée, même si « ce ne sont que de bonnes nouvelles… et que je suis vraiment excitée pour lui ». Certain·es de nos participant·es nous ont dit que les changements dans leur perception d’eux-mêmes en tant que parents avaient été très émotifs.

Inquiétude quant à la possibilité d’effrayer ou de perturber les enfants

Pour certain·es de nos participant·es, l’un des aspects les plus difficiles de la vie avec la COVID longue, c’est qu’elle a effrayé ou bouleversé leurs enfants. Comme l’explique Kristen : « C’était un événement traumatisant, même pour mes enfants. Ils ont vu maman malade pendant très longtemps. Et c’était souvent mon mari qui les emmenait au parc, faire des promenades, des choses que nous faisions ensemble, et cela ne se produisait plus. Maman n’était pas là pour beaucoup de choses. » Nicole a ressenti la même chose. Elle nous a dit : « Je suis une personne qui était toujours en mouvement, faisant de la musculation six jours par semaine, ici, là, partout, sans jamais m’asseoir. Mes enfants ne m’ont jamais vue sur le canapé. Au début, ils rentraient de l’école, j’étais allongée ou assise sur le canapé. Ils me regardaient en se demandant ce qui se passait. Ils n’avaient pas l’habitude de voir ça. » Une des enfants de Paulina souffre d’anxiété. Elle lui demandait : « Est-ce que tu vas mourir? » Cela a été très, très difficile pour elle. Katherine a un fils adulte autiste. Elle aussi s’inquiète de le perturber avec ses symptômes. Elle nous a dit : « Mon fils vit dans un immeuble à trois étages… Je lui demande de me rejoindre au rez-de-chaussée… parce que je préfère qu’il ne me voie pas à bout de souffle en haut de trois étages… Je n’aime pas lui montrer la moindre faiblesse. Cela lui fait peur parce qu’il est très dépendant de moi. »

Le fardeau des enfants

Certaines des personnes avec lesquelles nous nous sommes entretenu·es avaient des enfants suffisamment âgés pour assumer des responsabilités supplémentaires à la maison. Elles en sont toutes tristes et déplorent ce qu’elles considèrent comme un fardeau pour leurs enfants.

Impacts sur les relations avec les petits-enfants

En plus d’être parents, certain·es de nos participant·es sont grands-parents. Iels ont trouvé particulièrement difficile de s’impliquer avec des enfants parfois bruyants, énergiques et trop jeunes pour comprendre la situation. Par exemple, Jennifer2 a six petits-enfants et n’est plus en mesure de les garder. Elle estime qu’on lui a « volé […] le type de relation que j’aurais voulu avoir avec mes petits-enfants ». Kari est du même avis. Elle explique : « Mes petits-enfants… je ne les vois plus aussi souvent. Quand je les vois, je ne peux pas faire les choses que j’aurais pu faire avec eux… Mon petit-fils aîné a trois ans et comment expliquer à un enfant de trois ans que vous ne pouvez pas, n’est-ce pas? »

Une lueur d’espoir

Si nos participant·es ont généralement exprimé de profonds regrets quant à l’impact que la COVID longue avait sur leurs enfants, il y avait aussi parfois une lueur d’espoir ou un côté positif à l’histoire. Comme l’a expliqué Carrie1, « Je n’ai jamais voulu être une mère au foyer… Mais j’apprends à m’y adapter et à aimer cette expérience… Passer tout ce temps avec mon enfant est épuisant, mais… c’est tout à fait merveilleux de l’aider à devenir la meilleure personne possible ».