Stratégies d’adaptation et autosoins

Les récits de nos participant·es ont montré que vivre avec la COVID longue peut être une lutte quotidienne. Les symptômes physiques tels que la faiblesse, la fatigue extrême, la douleur, les problèmes digestifs et l’essoufflement ont eu un impact sur la capacité des personnes à fonctionner normalement au travail et dans leur vie quotidienne. Pour de nombreuses personnes avec lesquelles nous nous sommes entretenu·es, une promenade ou une douche nécessitait une planification et des efforts extraordinaires. Des troubles de la mémoire et une incapacité à se concentrer les empêchaient de lire, de retenir des informations ou d’effectuer des tâches simples telles que dresser une liste de courses. Certain·es de nos participant·es ont développé de l’anxiété et de la dépression, en partie à cause de la persistance des symptômes et parce qu’iels ne savaient pas s’iels allaient guérir, ni quand. Cette situation s’est aggravée lorsque d’autres personnes ont mis en doute leurs symptômes et ont suggéré qu’ils étaient dus à d’autres causes. Certain·es de nos participant·es ont dit faire le deuil de leur ancien moi et de leur ancienne vie. Les personnes avec lesquelles nous avons discuté nous ont parlé des stratégies qu’elles utilisent pour faire face à ces défis quotidiens et ce qu’elles font pour prendre soin d’elles-mêmes du mieux qu’elles peuvent.

Jason décrit les symptômes dont il souffre et les difficultés qu’il éprouve à fonctionner au quotidien.

Témoignage écrit

Yeah, so the symptoms that I’ve described tend to be quite connected to one another and as one symptom flares up it tends to cause the other issues to be exacerbated. So for instance, the worse my gastrointestinal issues get, the worse my maintenance insomnia gets and, of course, by extension like the sleep disruptions worsen; fatigue, depression and anxiety during the day. So there have been periods where those sets of symptoms together have been almost debilitating in so far that I am not able to complete the work that I need to do, and other times it being more manageable … It’s been really hard. Like, for the most part I just force myself to work through them … I’m kind of stuck in this languishing state a lot of the time where it’s not so bad that I needed to, say, go on disability, but at the same time I’m definitely not thriving and definitely not kind of – definitely not doing well and feeling good on a day-to-day basis.

[Les symptômes décrits ont tendance à être liés les uns aux autres et lorsqu’un symptôme s’aggrave, les autres problèmes ont tendance à s’exacerber. Par exemple, plus mes problèmes gastro-intestinaux s’exacerbent, plus mon trouble du sommeil s’aggrave et, bien sûr, par extension, les perturbations du sommeil se dégénèrent : la fatigue, la dépression et l’anxiété pendant la journée. Il y a donc eu des périodes où l’ensemble de ces symptômes a été presque débilitant, au point de m’empêcher d’accomplir le travail que je devais faire, et d’autres périodes où c’était plus facile à gérer. C’est très difficile. La plupart du temps, je me force à les surmonter… Je suis en quelque sorte coincé dans cet état de langueur la plupart du temps, où ce n’est pas si grave que je doive, disons, me mettre en invalidité, mais en même temps, je ne m’épanouis pas et je ne vais pas bien. Je ne me sens pas bien au jour le jour.] Traduction de l’original anglais.

 

Gestion des symptômes physiques

Certaines personnes avec lesquelles nous nous sommes entretenu·es ont trouvé des moyens de gérer certains de leurs symptômes physiques. Il s’agissait, par exemple, de se ménager, de modifier leur régime alimentaire et d’entreprendre des activités qui leur permettaient de se sentir mieux.

 

Fractionnement et autogestion du MPE

Les personnes atteintes de COVID longue souffrent souvent de malaise post-effort (MPE). Cela signifie que leurs symptômes peuvent s’aggraver après une activité physique ou mentale, généralement 12 à 48 heures après l’effort, et peuvent durer plusieurs jours, voire plus longtemps. Le fractionnement et l’autogestion des activités est une approche de réadaptation qui équilibre l’activité et le repos de manière que la personne ne souffre pas de MPE.

Plusieurs des personnes avec lesquelles nous avons parlé utilisaient cette approche pour gérer leurs symptômes. Comme l’a expliqué Nicole, « je dois regarder ma semaine et si je travaille un jour, je ne peux pas faire d’exercice le même jour. Je dois prendre un jour entre les deux… Je ne peux faire que cette activité-là. Je ne peux accomplir qu’une seule chose : travailler, faire de l’exercice ou rencontrer des gens, je ne peux pas faire tout cela le même jour ». Nick a décrit le fractionnement et l’autogestion des activités comme « la recherche d’un équilibre entre le repos et le temps d’activité… parce que vous savez que vous devrez payer le prix si un jour vous vous surmenez… le jour suivant sera une déception totale sur le plan de la productivité ».

Kari est désormais à l’écoute de son corps.

Transcription

And yeah, I’ve just, I’ve learned to self pace and to really be very vigilant of how I’m feeling, and I can tell if I start to feel crappy or tired, I have to stop and rest. I can’t just, you know, prior COVID, I would just, you know, you’re […]

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Victor planifie soigneusement ses activités quotidiennes pour éviter de déclencher une rechute.

Transcription

So right now I kind of have to plan my days to a very strict schedule, like down to the hour of what I’ll do each day. So I know that I’ll work and working, thankfully in my case it’s done on a computer remotely. So it’s manageable, I don’t […]

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Prise en charge d’autres symptômes

De nombreuses personnes avec lesquelles nous nous sommes entretenu·es vivaient avec plusieurs symptômes différents de la COVID longue. Elles ont décrit diverses stratégies utilisées pour les gérer.

Hollie est l’une des participant·es qui souffrent du syndrome de tachycardie orthostatique posturale (STOP). C’est un état dans lequel la capacité du corps à maintenir une fréquence cardiaque et une pression artérielle constantes est affectée. Lorsque la personne passe de la position assise à la position debout, son cœur peut battre très vite et elle peut se sentir étourdie et faible. Hollie explique que « le fait d’augmenter sa consommation d’eau et de sel et de s’assurer d’avoir un très bon mélange d’électrolytes a été très utile. Les coussins chauffants, la glace sur le cou et le gua cha (une méthode de guérison traditionnelle chinoise qui utilise un instrument à bords lisses pour presser la peau) ont vraiment aidé ».

Katherine éprouve parfois des difficultés à respirer. Elle nous a dit : « Je suis toujours essoufflée, mais pas autant qu’avant, maintenant que j’ai en quelque sorte très lentement développé une tolérance. Et j’ai maintenant quelques outils dans ma boîte à outils, comme des exercices de respiration profonde. J’ai commencé à faire du yoga, pour la première fois de ma vie. On me l’a recommandé à cause de la respiration, et j’ai constaté une nette amélioration de mon essoufflement ces derniers temps. Je pense que cela fait un an maintenant pour moi, c’est donc passionnant. »

Cher est tellement épuisée par le moindre effort qu’elle a pratiquement tout supprimé dans sa vie. Elle explique : « J’ai complètement cessé de travailler. Je ne peux pas vraiment regarder la télévision. Je ne peux pas écouter de livres audios. Je ne peux pas ouvrir mes fenêtres et je ne peux pas laisser la lumière pénétrer dans ma chambre. Je dois réduire au minimum les contacts avec ma famille. Je passe donc toute la journée dans mon lit, dans le noir, à chercher le calme. Je porte généralement des écouteurs antibruit, ou j’ai un oreiller sur la tête ou quelque chose comme ça. J’essaie de laisser mon corps se débrouiller avec l’énergie. »

Lesley n’a pas pu manger normalement depuis la COVID. Elle décrit la manière dont elle gère son alimentation.

Transcription

I don’t eat a thing until the afternoon. So we’re at 11:36 right now, so the only thing I’ve had right now is lemon water. So I just have some lemon water until I really can’t have – until I can’t hold off any longer. And then I usually start […]

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Deux de nos participant·es ont découvert que s’exposer au froid semblait les soulager de leurs symptômes.

Violaine trouve bénéfique l’exposition au froid extrême pour ses poumons et sa voix.

Transcription

J’ai découvert avec mon conjoint, on a une cabane au fond du bois, donc on a découvert que l’exposition au froid, au très, très grand froid, être à moins 20 pendant de nombreuses heures, m’aidait énormément! Donc pendant tout l’hiver, ce premier hiver-là, mais on l’a fait le second hiver […]

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Louise trouve que la natation en eau froide soulage sa douleur.

Transcription

Every day I would just go out and float in the lake. I couldn’t really swim very much. I have a bummed shoulder as well which isn’t helping, but I would just go out and float and suddenly nothing would hurt and I’d be like, “That’s kind of weird, nothing […]

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Gestion de la vie quotidienne

Pour les personnes avec lesquelles nous nous sommes entretenu·es, les nombreux symptômes de la COVID longue ont rendu difficile la réalisation des tâches quotidiennes telles que prendre une douche, faire des courses, lire, marcher sur de courtes distances ou faire face à la lumière ou au bruit. Nos participant·es nous ont parlé de l’éventail des défis auxquels iels étaient confronté·es dans leur vie quotidienne et des stratégies qu’iels ont développées pour être en mesure de fonctionner.

Christine nous a dit : « J’ai changé mes ampoules parce que c’était trop lumineux. Les choses brillent trop. » Violaine a expliqué que, pour faire face à un déplacement très court à la pharmacie, elle devait se protéger du bruit et de la lumière. « Il faut que j’aie ma canne, mes cache-oreilles, des lunettes fumées. Il faut que j’aie tout un kit pour… parce que sinon, j’ai l’impression que je vais perdre connaissance. Je deviens hyper étourdie. » Manali travaille dans un environnement de recherche sous haute tension. Elle a déclaré : « Je me donne maintenant deux heures de plus pour faire quelque chose. Si je sais que je vais prendre quatre heures pour préparer cette présentation, je me donne deux heures de plus… [et] je ne m’en veux pas si je n’arrive pas à respecter un délai. J’ai appris à enlever le t-shirt de superfemme. » Jennifer1 trouve qu’elle ne peut plus lire comme avant parce qu’« après trois chapitres, je ne me souviens plus de ce que j’ai lu ». Relire des livres qu’elle a déjà lus ou écouter des livres audios lui convient mieux. Ruth ne peut pas rester debout trop longtemps. « J’ai placé des tabourets partout dans la maison, dans ma douche. J’ai des chaises à l’extérieur, juste parce que je sais que je vais devoir m’asseoir quelque part. Avant de faire tout cela, je m’asseyais littéralement sur le plancher ou sur le sol, où que je sois. »

Lyse intègre le repos à chaque étape de sa journée.

Transcription

C’est vraiment le repos. Exemple, je prends ma douche là puis après ça, je prends ma douche, je m’assois. Je peux rester une heure. Après ça, je vais dire : « Bon bien là, je vais aller me faire… », je ne sais pas moi, je vais me prendre un […]

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Luna dit qu’elle a complètement changé sa façon de vivre.

Transcription

What I’ve done is I’ve changed the way I live entirely so that, now, normal is this thing where I can’t wake up quickly. Where I plan – I budget the amount of effort I give – I put into everyday, physical effort and even mental effort. And within those […]

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Dispositifs d’assistance et soutien aux personnes handicapées

Plusieurs de nos participant·es ont commencé à utiliser des appareils d’assistance tels que des fauteuils roulants et des triporteurs, ou ont fait une demande d’aide pour les personnes handicapées. Si certain·es se sont senti·es mal à l’aide à l’idée de franchir cette étape, iels ont également constaté que ces dispositifs leur redonnaient une partie de leur indépendance. Comme l’explique Carrie1, le fait de posséder une carte de stationnement pour personnes handicapées signifie que « je n’ai pas à être terrifiée à l’idée de ne pas trouver de place et de traverser le stationnement à pied. Je peux me garer sur la place réservée aux personnes handicapées et utiliser mon fauteuil roulant. Et je sais que je ne vais pas ressentir trop de malaise post-effort en sortant de la maison par rapport aux courses que je faisais avant. »

Ruth était réticente à l’idée d’acquérir un triporteur, mais elle trouve maintenant que c’est génial.

Transcription

I just actually got a mobility device. I had it prescribed for a year and it took a long time for me to accept that. I know I needed it but it was just hard to accept that like where my health, I think, was. So I finally got it, […]

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Pour Valérie, avoir un fauteuil roulant lui permet de se servir un verre d’eau sans souffrir de tachycardie.

Témoignage écrit

Parce que dans le fond, en janvier… non pas en janvier, au mois de novembre 2020, fin novembre 2020, mon mari a dit : « Là c’est assez, là ça n’a pas de bon sens, tu ne peux plus rien faire! », puis là mon moral n’était pas très bon, parce que moi, j’étais une grosse sorteuse, puis là j’étais pris entre mes quatre murs. Fait que mon mari est allé louer une chaise roulante chez Jean Coutu. Fait qu’à partir de ce moment-là, bien là j’ai pris… Là ça m’a redonné vraiment là… Enfin, j’étais capable d’aller me faire couler un verre d’eau sans être en tachycardie. Ça n’avait juste pas de bon sens! Puis je toussais tellement aussi! Ça n’avait pas de sens. Fait que là, j’ai quand même depuis ce temps-là, on a fait toutes les démarches avec le CLSC tout ça puis j’ai reçu dernièrement ma chaise roulante adaptée, parce qu’on a eu beau essayer la réadaptation, tout ça, ça ne fonctionne juste pas, fait qu’on est vraiment plus en mode adaptation. De trouver des stratégies, des outils pour que je sois le plus fonctionnelle possible. Puis dans le fond, c’est ça, on a fini avec cette étape-là vraiment le mois passé. Mais l’ergo du CLSC a aussi fait des démarches avec le programme d’adaptation à domicile, puis on a réussi à faire installer une chaise élévatrice pour les marches dans la maison aussi. Parce que là, je n’arrivais pas, ça n’avait pas de bon sens. 

Jennifer2 dit : « Vous devez accepter votre vulnérabilité. »

Transcription

So we decided to move and we’re now renting. We’re now renting actually a very small house but it’s on one floor, all on one floor and we picked it because everything was just – it had everything that we would need to make my life manageable. You know, not […]

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Gérer les effets psychologiques et émotionnels de la COVID longue

Les symptômes de la COVID longue ont eu un impact profond sur la vie des personnes avec lesquelles nous avons parlé. Parce qu’il n’y a aucun moyen de savoir si, et quand, leur état est susceptible de s’améliorer, nombre d’entre elles sont devenues déprimées et anxieuses. Voici quelques-uns des moyens qu’elles utilisent pour tenter de gérer les effets psychologiques et émotionnels causés par la COVID longue.

 

Distraction

Plusieurs de nos participant·es ont trouvé utile de se distraire pour éviter d’être submergé·es par des pensées négatives. William estime que « le plus utile pour faire face à la situation est de ne pas y penser… Au travail, je parle à mes collègues, cela me permet de ne pas y penser. Et si je rentre à la maison, je discute avec des amis en ligne, cela me permet de ne pas y penser. Et les activités peu exigeantes, comme faire les courses, m’aident aussi, tout comme la physiothérapie une fois par semaine ». Jennifer2 nous a dit : « J’avais l’habitude de penser que se distraire était mauvais parce que c’était comme un évitement, mais je crois que pour vivre avec quelque chose comme ça, il faut parfois un peu se dérober. C’est impossible d’y faire face courageusement tous les jours, certains jours on doit juste se dire “Oh, c’est le temps” [rires]. Quelquefois, je sors dans le jardin et j’arrache quelques mauvaises herbes [rires]. Parfois, je joue de la musique. Je regarde des vidéos d’animaux mignons. »

Paulina trouve que les petites choses peuvent constituer une distraction utile lorsque son esprit commence à s’emballer.

Transcription

Sometimes I do realize that I am starting to spiral and sometimes it doesn’t – it’s not like an environmental thing, it just happens. You just – it’s a bad day. Going outside, getting fresh air, really, having your favourite cup of tea. Just small, small, small things that kind […]

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Victor s’occupe l’esprit pour éviter de tomber dans le gouffre.

Transcription

You still have to keep your mind busy though, so I’m reading a lot of books. I’m watching a lot of stuff online, Netflix and all that, just try and keep your mind occupied. Because when it gets the worst, is when you’re just not really doing anything, you’re thinking […]

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Cesser de lutter contre son corps

Ce que nous ont dit nos participant·es, c’est qu’iels apprenaient à cesser de lutter contre leur corps et à ajuster leurs attentes. Comme l’a mentionné Ruth : « Je dois apprendre à vivre ainsi et cesser de me battre, parce que je combattais constamment mes symptômes… vous vous battez contre vous-même, n’est-ce pas? Vous luttez contre votre corps. Il a donc fallu que j’arrive à l’accepter. »

Maggie apprend à se ménager.

Transcription

So, you know, now the adaptations are around trying to schedule things in a way that doesn’t exhaust me. Trying to give my – I’ll call it giving myself some grace. It’s really hard when you’re used to being independent and you’re used to being the functioning level in your […]

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aerik apprécie la beauté de ralentir.

Transcription

There was a way that like I had already had those experiences and was able to appreciate the beauty of slowing down and the beauty of – it’s like there are parts of myself I get to access in those spaces. There is like kind of deeply spiritual connected parts […]

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Se sentir reconnaissant·e pour les petites choses

Remarquer les petites choses positives et en être reconnaissant·e est un thème abordé par plusieurs de nos participant·es. Christine possède un « journal du bonheur » qu’elle a commencé à utiliser pour noter des observations positives lorsqu’elle se sentait trop « pessimiste ».

Valérie est reconnaissante pour chaque signe d’amélioration.

Témoignage écrit

Mes capacités fonctionnelles ne sont vraiment, vraiment pas élevées, mais c’est sûr que chaque petit gain que je fais, chaque petite chose que je suis capable de faire de plus que je n’étais pas capable de faire avant. Bien c’est comme wow! On dirait que si je revis à chaque fois, je suis comme « Ah! Enfin, je suis capable de parler un petit peu plus longtemps au téléphone avec des gens, que j’aime. » « Ah! Tiens! Là je suis capable de… C’est niaiseux mais je suis capable de vider le lave-vaisselle au moins trois morceaux de plus qu’avant. », des petites choses comme ça. Ou comme en fin de semaine, j’ai été capable de jouer à la Nintendo avec mon fils, pas longtemps, peut-être un 15 minutes, mais un 15 minutes tellement de plaisir, de pouvoir jouer avec lui. T’sais comme avant! Puis tous ces petits moments-là font en sorte que moi je m’accroche à ça, je me dis : « Ok, là je suis capable de faire ça. Ah! C’est le fun! Enfin je peux profiter de sortir un petit peu. ». Je suis partie avec ma famille en fin de semaine, on est allé faire juste le tour du bloc avec mon quadri-porteur, puis ça faisait longtemps que je n’avais pas réussi à sortir, parce que je n’étais pas assez en forme. Là juste de pouvoir sortir. « Ah! Wow! Ok, enfin je suis capable! » …

Mais tous ces petits moments-là font en sorte que vu qu’ils ne se présentent pas très souvent quand ils se présentent, c’est comme un petit cadeau de la vie. Fait que t’sais je les vois vraiment comme, il faut profiter vraiment de chaque instant, puis c’est tellement… Tout devient extrêmement précieux. Fait que je le vois comme ça. Ça, je pense que ça m’aide beaucoup de ne pas me donner des objectifs extrêmement élevés. De ne pas m’attendre à ce que je vais revenir comme avant. Ça, ça fait longtemps que ce deuil-là je l’ai fait. De juste penser à aujourd’hui qu’est-ce que je suis capable de faire. Qu’est-ce que j’aimerais faire. Puis quand je suis capable de faire un petit peu plus ou d’avoir un petit moment de plaisir de plus, bien pour moi, c’est très, très précieux puis je l’apprécie tellement que c’est ça qui vient comme recharger ma batterie émotionnelle, je dirais. Puis le rire, l’humour, bien t’sais si je… Des fois, je suis vraiment dans un gros brouillard mental, puis je m’enfarge dans mes mots, j’en invente, je fais des fusions de mots, toutes sortes d’affaires bizarres! Mais au lieu de faire comme « Ah! non! Pas encore! ». Bien j’en ris, tu sais, puis avec ma famille aussi on en rit. Fait que c’est sûr que ça, ça m’aide beaucoup. 

 

Approches structurées de la santé mentale

Certaines des personnes avec lesquelles nous nous sommes entretenu·es ont travaillé avec des professionnel·les de la santé qui les ont aidées à développer leur capacité à faire face aux impacts psychologiques et émotionnels liés à la COVID longue. Lori a parlé de ce que l’on ressent lors d’une rechute. « Cela vous affecte parce que chaque fois que vous tombez malade, cela vous décourage, vous avez l’impression que “vous vous moquez de moi, encore une fois”. Et donc, de façon répétitive, cela vous affecte… Les sentiments négatifs qui en découlent reviennent toujours. » Son/sa prestataire de soins l’a encouragée à « ressentir ce qu’elle ressent et à aller de l’avant ».

Jennifer1 apprend à se concentrer sur le présent et à ne pas jouer le jeu du « et si ».

Transcription

So playing the ‘what if’ game never works. I do say even though I’ve like done my best to train myself, even pre-COVID to not fall into that trap it does seem to be right now happen more often. But having my psychologist to talk to helps break that cycle. […]

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Chris a recours à la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) pour reprendre certaines activités de sa vie.

Transcription

So one thing, at the outset, they talked about, which comes from cognitive behavioural therapy, is avoidance and thinking about, why we avoid things, what drives us to avoidance and what we get out of that, versus what it costs us … Are we avoiding it because we’re catastrophizing about […]

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Retrouver une sensation de bien-être

De nombreuses personnes avec lesquelles nous nous sommes entretenu·es ont souligné qu’elles souhaitaient simplement de se sentir à nouveau bien et d’exercer un certain contrôle sur leur santé. Elles nous ont parlé des choses qu’elles faisaient pour essayer de retrouver un sentiment de bien-être. Ce sont notamment des activités telles que la compagnie d’animaux domestiques, la pratique du yoga et de la méditation, la recherche d’un exutoire créatif ou le recours à la religion et à la spiritualité pour se ressourcer.

 

Animaux de compagnie

Jennifer1 nous a dit que ses chats l’avaient aidée à faire face à sa situation. Elle a expliqué : « Je m’occupe d’eux… je les câline, je joue avec eux. Je pense vraiment et sincèrement que si je ne les avais pas eus, ma santé mentale ne serait probablement pas aussi bonne qu’aujourd’hui parce qu’au moins je ne suis pas seule. Même s’ils ne répondent pas, je leur parle toujours. Alors oui, mes chats sont assurément un mécanisme d’adaptation. » Christine essaie de « passer plus de temps avec mes animaux et cela m’a aidée. Je suis une personne très énergique et je suis toujours en train de courir. J’ai vraiment eu du mal à ralentir et cela m’a aidée ».

 

Yoga, méditation et autres pratiques créatives

Plusieurs de nos participant·es se sont tourné·es vers le yoga, la méditation ou d’autres pratiques pour les aider à gérer leurs symptômes et leur humeur. Lesley dit qu’elle consacre religieusement une heure par jour au yoga parce qu’il « calme son système nerveux ». Luna « a toujours essayé de faire ce qu’elle pouvait pour rester raisonnablement en bonne santé physique, même si elle ne pouvait pas faire de cardio. Alors je m’étirais et je faisais du Pilates, trois minutes par exemple, tout ce que je pouvais faire pour ne pas avoir l’impression de ne pas pouvoir être physiquement dans le monde ». Kristen « a beaucoup médité pour s’endormir le soir et se détendre de toute l’anxiété ». Angela trouve que « les massages m’aident beaucoup [et] les étirements ». Aislene a confié qu’iel « s’est vraiment investi·e dans l’art, dans différentes formes d’art, qu’il s’agisse de feutrage ou de peinture. Il s’avère que je suis plutôt doué·e pour la peinture ».

Violaine trouve que la méditation lui permet de déconnecter son cerveau.

Transcription

Bien la seule chose que j’ai essayée sur ce plan-là c’est un ami qui m’a inscrite, il ne m’a pas donné le choix mais je la remercie. Des ateliers de méditation, donc ça se fait en ligne. Puis je n’ai rien à regarder sur l’écran, c’est une voix qui parle. […]

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Religion et spiritualité

Quelques-unes des personnes avec lesquelles nous nous sommes entretenu·es se sont décrites comme ayant une foi religieuse ou des croyances spirituelles. Elles ont puisé dans ces croyances la force de faire face à leur maladie. Elaine déclare : « J’ai une pratique spirituelle très forte qui s’est renforcée au cours de cette expérience. Vous savez, beaucoup de prières, beaucoup de méditation. Je n’appartiens à aucune religion, mais la spiritualité a été absolument déterminante. »

Coucoute est convaincue que Dieu l’aidera à traverser cette période difficile.

Témoignage écrit

Chaque fois que je fais un petit effort avec la COVID, c’est comme je me sens plus faible. Je n’ai jamais guérie vraiment, je me sens toujours mal dans mon corps. Comme si j’ai la COVID, j’ai mal dans le dos, j’ai mal partout, je me sens fatiguée, je me sens brûlée. Je ne sais pas combien de temps ça va durer mais je ne me sens plus comme avant … j’espère que c’est Dieu qui va me guérir. C’est une croyance en le bon Dieu, parce que Dieu fait tout … quand tu pries Dieu, tu as de la foi, ça te donne le courage aussi à te battre dans la vie, ok. Tu ne te décourages pas, tu sais que lui il va faire quelque chose pour toi. La croyance ça aide beaucoup.

Dernière mise à jour2024-03