Christine

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a pris soin de sa mère

Âge à l'entrevue: 53
Début de prestation des soins à l'âge de: 46

Christine a 53 ans et a passé presque toute sa vie avec ses parents. Elle a perdu son emploi peu après le décès de son père et elle est devenue la proche aidante à temps plein de sa mère lorsque cette dernière a reçu le diagnostic d’atrophie multi systématisée. Christine a dû prendre récemment la pénible décision de partir de la maison de ses parents où elle vivait avec sa mère parce que les tâches de proche aidante affectaient gravement sa propre santé.

Christine trouvait que prendre soin de sa mère donnait un sens à sa vie pendant qu’elle vivait le deuil de son père. Au départ, elle était fière de permettre à sa mère de demeurer à la maison grâce aux soins qu’elle lui dispensait, mais avec le temps, la condition de sa mère s’est détériorée considérablement et les tâches reliées à la prestation de soins sont devenues de plus en plus difficiles. Christine a commencé à être tellement absorbée par son rôle de proche aidante que c’était difficile de trouver du temps et de l’énergie pour chercher du travail.

Les membres de la fratrie de Christine avaient de la difficulté à comprendre sa situation de proche aidante et ne l’aidaient presque pas dans ces tâches. Elle avait l’impression qu’ils ne contribuaient pas aux soins de sa mère tout en faisant des commentaires et en critiquant constamment ses efforts. Par exemple, sa sœur l’accusait sans cesse d’abandonner leur mère lorsque Christine prenait du temps pour rendre visite à des amis. Elle a demandé à sa sœur de prendre soin de sa mère pour qu’elle puisse partir quatre jours en vacances, ce dont elle avait grandement besoin; sa sœur a accepté avec une certaine réticence. Néanmoins, elle a refusé d’arriver à temps pour prendre la relève des soins au moment où Christine devait quitter la maison. Pendant cette courte absence de soins, sa mère a fait une mauvaise chute et a été hospitalisée. Elle a eu une période de réadaptation avant de revenir à la maison accompagnée une perte de capacité accrue. Entretemps, les sentiments initiaux de fierté que ressentait Christine à prendre soin de sa mère ont commencé à s’estomper.

Après la période de réadaptation, son rôle de proche aidante auprès de sa mère s’est tellement accru que la situation a sérieusement affecté Christine psychologiquement. Épuisée et stressée, elle a commencé à avoir des pensées suicidaires comme moyen de sortir de cette situation. Ces pensées l’ont forcée à chercher à être admise dans un centre de crise. Paradoxalement, malgré son état mental précaire, Christine pense que les dix jours qu’elle a passés dans cet établissement furent comme une vacance; elle a finalement pu rattraper le repos et le sommeil dont elle avait grandement besoin. Après cette période de convalescence, elle a décidé qu’elle devait sortir de la maison et couper les contacts avec sa fratrie afin de protéger sa santé. Christine explique que les membres de sa fratrie, qui ont alors été obligés de prendre la relève pour les soins de sa mère, ont été incapables de le faire et ils ont décidé de la placer dans un centre de soins de longue durée. Elle trouve difficile maintenant de voir sa mère dans cet établissement en sachant que les choses auraient pu être très différentes si seulement elle (Christine) avait reçu le soutien dont elle avait besoin.

Aujourd’hui Christine ne regrette pas d’avoir pris ces décisions difficiles et douloureuses parce qu’elle réalise que c’était la seule façon qu’elle avait à ce moment-là de se protéger d’une maladie mentale grave. Elle visite sa mère aussi souvent qu’elle le peut, travaille fort à son rétablissement psychologique et elle rebâti lentement sa vie. Elle a appris que la force vient de la détermination autant que de prendre les bonnes décisions avant qu’il soit trop tard.

 

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